Certains connaissent le syndrome de Peter Pan et s'y com-plaisent.
D'autres celui de Calimero.
Il est aussi possible de vivre les deux syndromes ! Ce n'est pas exclus.
Voici quelques temps nous avions conseillé à des parents de montrer à leur enfant le dessin animé des aventures de Calimero. Dessin animé qui a marqué des générations d'enfants.
Que vous ayez vu ce dessin animé ou non, vous aussi pouvez connaître ce syndrome, en être imprégné. Vivre un profond sentiment d'injustice.
Qui était Calimero ?
Calimero est un petit poussin qui porte sur lui, en lui le poids du monde de l'injustice. A chaque expérience qu'il vit, il s'exclame tristement, larmoyant :
''C'est injuste, c'est vraiment trop injuste''.
Notons aussi que ce petit poussin contrairement à la représentation populaire n'est pas de couleur jaune mais noire !
L'expression de sa symbolique est accentuée par le fait qu'il porte sa coquille à demie brisée sur sa tête comme un casque protecteur où il peut, pourrait se réfugier et contre le ciel qui pourrait, lui tomber sur la tête. ''Tous les malheurs du monde'', c'est forcément injuste !
Un casque qui perturbe son regard, l'empêche de voir correctement.
Ajoutons à cela, qu'il a continuellement l'expression triste, désespérée avec les bras, les mains qui implorent et prennent à témoin, tombent à terre.
Les personnes qui se lamentent constamment, qui éprouvent un sentiment profond d'injustice contre ce monde mal fait, contre le fait que rien ne va, que la roue ne tourne jamais dans le bon sens…. Connaissent ce syndrome.
Nombreux sont ainsi ceux atteints qui attendent bras ballants que les choses changent en leur sens. Ces personnes passives ne savent pas qu'elle doivent actionner en elle leurs leviers pour initier le changement.
Comprendre ce qui est mis en place pour qu'une répétition s'installe ainsi en leur vie.
Certes, il est communément admis que l'herbe est toujours plus verte ailleurs !
Qu'ils sont nés sous une mauvaise étoile, voir sans étoile !
Qu'ils n'ont pas de chance !
La liste des plaintes pourraient être fort longue.
Quelles peuvent être les sources de cet état-là ?
Hormis le dessin animé, pour ceux qui l'auraient vus, l'éducation initiale, les suggestions conditionnantes de l'enfance, de la scolarité, de la société ont pu, peuvent, être déterminantes.
Ainsi en va-t-il de :
Croire qu'il suffit de se lever tôt pour que le monde vous appartienne !
Qu'il suffit de bien travailler pour bien réussir sa vie !
Qu'un bon métier permettra de bien gagner sa vie !
''Travailler plus, pour gagner plus !''
Qui n'a pas entendu ces phrases là ?
Qui ne les a pas un jour prononcées ?
Un sentiment positif se cache derrière ces phrases bateaux. Celui d'espérer pour ses enfants, ceux qui sont aimés une belle et bonne vie. Une revanche peut-être contre, ce que le sort, a réservé à celui qui émet ces phrases…. Pour éviter une malchance familiale, collective….
Une culture judéo-chrétienne installée dans un inconscient collectif, comme une épée qui s' abattrait, une lutte, un combat qu'il conviendrait d’entreprendre, (Ce vocabulaire masculin, guerrier se retrouve dans le langage commun, quotidien de beaucoup, surtout des discours politiques),
Un état de victime pour celui qui se résigne d'avance car étiqueté faible, nul médiocre, incapable... Une idée d'enfer et de paradis, presque perdu à l'avance, puisque plus ou moins promis dans les cieux après la mort. De toutes façons, la vie ne serait que tourments…. Inaccessible ici-bas... Philosophie du désespoir!
Une base même de société, du moins en Europe globalement, en France en particulier qui repose sur une obligation de solidarité, d'assistanat.
Ors, il ne suffit pas,
De bien travailler à l'école,
D'avoir de bonnes notes,
Un bon métier... pour bien réussir sa vie, bien gagner….
Ces schémas là sont basés sur la croyance d'une action juste, bonne, vraie et que la résultante soit forcément récompense !
Base aussi matérialiste comme fondement nécessaire. Qu'est-ce qui est caché, non- dit, derrière ces mots ? C'est la notion de paraître, de richesse financière, de positionnement social.
Il ne suffit pas de bien faire pour en récolter les gains.
Cette part de trésor, de paradis sur terre est peut-être à conquérir différemment pour certains.
Souvent des grains de sable, voir des montagnes viennent enrayer le beau système et l'être se trouve alors démuni, blessé, trahi, brisé en ses croyances, rêves, espoirs. Il reste ainsi bras ballants à attendre que la solution vienne toute seule comme par magie. Nous retrouvons là, le schéma de croyance primaire, la pensée magique de l'enfant qui se croit tout puissant.
Pour reprendre une autre de nos images, c'est un peu comme celui qui médite, s'installe sur son tapis, attend que cela passe et qui regrette que rien ne se soit passé !
La vie est rarement un long fleuve tranquille.
Ainsi que nous le disons souvent, nous sommes tous face à des épreuves devant lesquelles nous devons faire nos preuves.
Rester à attendre, ne fait pas avancer.
Certains vont faire de leurs erreurs, de leurs échecs, déceptions , une force qu'ils sauront dépasser.
D'autres, resteront malheureux, inertes avec ce sentiment particulier, sombre qui les habite, les hante parfois jusqu'à l’obsession.
Ce vécu, ce ressenti: du profond sentiment d'injustice peut paralyser, figer, entraîner en ses spasmes une désespérance dans un gouffre tourbillonnant telle une spirale descendante qui absorbe toute énergie.
Cette attitude déterministe, défaitiste ne fait qu'amplifier les résultantes qui se répètent alors invariablement.
Un sentiment profond d'injuste pourra en résulter pouvant entraîner l'être de manque de confiance, d'estime en situations d'échecs répétitives à des dépressions, à des brun-out.
Ainsi en sera-t-il des chefs d'entreprise qui ne connaissent que des échecs.
De ceux qui ne connaissent que des échecs relationnels, amoureux.
La réussite, n'est pas pour eux ! C'est évident ! C'est pour les autres !
Le bonheur, n'est pas pour eux ! C'est évident ! C'est pour les autres !
Et si l'homme devait apprendre de son passage sur terre, qui il est. Pourquoi il est là. Quel est son rôle?
Alors certainement que les injonctions initiales seraient très différentes. Que dés le plus jeune âge, chacun aurait des pistes à suivre pour se connaître, se comprendre, pour apprendre de ses expériences, pour saisir que les échecs peuvent être constructeurs, qu'ils peuvent être dépassés.
Chacun peut faire de sa vie, une résilience.
Encore faut-il oser, re-connaître, changer son regard, son processus d'action.
Oser signifie sortir de son immobilisme de victime, de sa passivité.
Oser signifie aussi ne pas se décharger sur autrui, la société, l'autre n'est pas le monstre, le bourreau de nos échecs ( enfin pas toujours, il existe des cas de manipulations à tous niveaux…..)
Oser signifie de pas être bourreau de l'entourage, de l'environnement, de la société.
Oser signifie ne pas attendre tout de l'autre, de la société, de l''accompagnant, thérapeute…. du para-subtil, tel un sauveur, une providence. Ne pas attendre de l'autre, ne pas tout en attendre, ne pas se décharger de soi en l'autre ! Ne pas vivre sa vie par procuration.
Beaucoup de femmes ont ainsi traversé leur vie, en la subissant, sans la vivre réellement, ceci pendant des générations et des générations. Du à un contexte sociétal à dominante masculine !
Oser signifie aussi ne pas reporter sur autrui ses manques, ses blessures de la toute petite enfance. L'autre n'est pas là pour porter, compenser les souffrances affectives, psychologiques.
Pour sortir du syndrome de Calimero, les pistes proposées sont données en filigrane :
Au niveau personnel, c'est oser vivre sa vie, prendre des risques, ne pas être enfermé dans des conditionnements, des pensées déstructurantes, des réactions-réflexes, des répétitions de mise en œuvre, d’événements vécus négativement.
C'est oser affronter ce qui blesse, fait peur, terrorise, déposer ses boulets, son sac à dos émotionnel, sortir du concept d'habitudes qui emprisonne, limite.
Sortir d'une personnalité rigide, psycho-rigide.
C'est cesser enfin de fuir.
C'est cesser de ne considérer que le négatif, que les faiblesses, les failles, les blessures.
C'est sortir du schéma ''victime- bourreau- sauveur'' pour se prendre en charge en tant qu' être responsable de sa vie, adulte !
Pour sortir de ces schémas, il est important de prendre conscience :
Chacun est prisonnier de lui-même. Chacun créé ses résistances, ses freins.
Chacun possède les clés d’accès à lui-même. Il ''suffit'' de se regarder honnêtement.
Chacun peut sortir de cette lutte avec lui-même grâce à un accompagnement adapté, bienveillant.
Chacun peut changer son regard,
Chacun possède des qualités, des compétences, des ressources.
Chacun peut se mettre en chemin.
Chacun peut pousser les portes de l'espace à soi,
Chacun peut s'autoriser à vivre sa vie, à se découvrir, à se réaliser.
Chacun peut être l'acteur de sa vie, le créateur de sa vie !
Chacun peut devenir autonome !
N'abritez pas en vous un petit Calimero plaintif !
Nous terminerons par cette métaphore précieuse :
Vous pouvez vous mettre en chemin, marcher beaucoup et ne pas avancer !
Est-ce cela que vous voulez ?
Alors prêt à vivre sans votre coquille sur la tête?
A vivre votre vie avec légèreté, joie, intensité?
Inspirez, expirez, placez-vous dans le bleu du ciel,
Tout va bien là, en cet instant !
Chut, savourez !
Sur le plan sociétal, ce sont toutes les strates de la société qui seraient à revoir !
Pour actionner ce levier là, la somme de ''l'individuel acteur'' unit par un élan collectif pourrait permettre une transformation en profondeur……bénéfique pour tous !
Nous ne sommes pas obligés de porter le poids du monde sur notre tête, nous ne sommes pas Atlas. Sortez, sortons du sentiment d'injustice ! Avançons sur le chemin de l'autonomie ! Ce qui ne signifie pas nécessairement avancer seul !
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